3 dimensions incontournables
Le vin est un tout : une alchimie entre le matériel végétal, son environnement et le travail de l’Homme. A la vigne comme au chai.
La vigne
En conversion bio jusqu’en 2021, la vigne est cultivée avec un minimum d’intrants. L’objectif étant, à l’avenir, de s’en affranchir le plus possible en privilégiant par exemple des tisanes de plantes.
Je mène au domaine de la Renière un travail de restructuration du vignoble. J’ai commencé à arracher certaines vignes de moins bonne qualité, pour en replanter. J’agis sur les sols de manière superficielle, en essayant de conserver la matière organique en surface, pour préserver la vie.
A terme, je souhaiterais recréer des habitats naturels pour la faune, en plantant des haies, en créant des zones humides et en travaillant avec des animaux pour entretenir et nourrir le sol. Cette approche favorise ainsi une forme de polyculture.
Mon souhait est de créer une dynamique autour du domaine. Pendant des années, les vignerons ont déboisé, enlevé les haies pour cultiver de véritables champs de raisin. Le matériel génétique de la vigne a été appauvri à force de recourir au clonage. J’aimerais retrouver un écosystème cohérent, une biodiversité plus riche et un matériel végétal résistant.
J’aspire à faire des choses simples et saines, en accompagnant la vigne, non pas en l’exploitant.
Le chai
Chaque vigneron travaille son raisin pour l’amener là où il le souhaite, avec une grande liberté, en fonction de sa sensibilité et de sa créativité.
Au chai, j’ai la même réflexion qu’à la vigne. Mon bagage scientifique et mon expérience œnologique me permettent de travailler avec un minimum d’intrants. Avec l’envie de faire des vins précis tout en étant le moins interventionniste possible. J’utilise du soufre sur certaines cuvées, mais j’essaye de maîtriser au maximum ce qu’il se passe dans la cuve. L’objectif est de guider la fermentation sans jamais la brider. Il s’agit d’aller, tout simplement, dans son sens. Il y a une part de risque. Mais avec l’expérience et le recul, elle porte ses fruits.
Lorsque j’ai repris le domaine, je suis parti d’une page blanche. Sans connaître le potentiel de chaque parcelle. C’est en goûtant les raisins, à la vigne, que la gamme s’est élaborée au fur et à mesure de leur maturation.
J’ai deux cuvées plutôt fraîches, faciles, gourmandes, sur le fruit : La Cerisaie et La Renière. Et deux autres, les signatures, plus complexes avec de l’élevage. D’autres cuvées sont ensuite venues de manière impromptue, comme Louisa ou Uru Anna, avec une envie de tester des choses, une fois le raisin récolté.
L’humain
Avant d’être un business, le domaine est surtout une source de plaisir que j’ai à cœur de partager avec des gens impliqués !
J’ai bâti le projet avec mon associé Guillaume Poitevin. Deux salariés travaillent au domaine : Denis, un sacré bosseur qui a plein de compétences et avec qui on partage une même sensibilité environnementale ; et Magali, fraîchement arrivée dans l’équipe, qui travaillait jusque-là dans l’action sociale et aspire à une reconversion dans la viticulture.
Je suis attaché à la notion de transmission. Il m’importe de travailler avec des personnes qui se sentent bien au domaine, proposent des idées nouvelles et, pourquoi pas, veulent aller plus loin avec moi dans l’aventure.
A travers notre travail de vigneron, on peut avoir un impact sur la vie locale. Un impact environnemental mais aussi social.

Thibault Masse
Issu d’une formation en viti-œno dans les plus grandes régions viticoles française (BTS à Montreuil-Bellay dans le saumurois, Licence à Dijon en Bourgogne et diplôme national d’oenologue à Bordeaux), j’ai fait mes armes à Brézé chez Romain Guiberteau où j’ai découvert les bases du métier et les grands Chenin. J’ai pu ensuite expérimenté les vinifications bordelaises aux châteaux Cheval Blanc et Latour-Martillac, puis les techniques du Nouveau Monde dans un domaine australien.
Je rentre en France pour devenir maître de chai à Ampelidae où j’engrange en quelques années une expérience solide en travaillant sur un grand nombre de cépages et des vinifications variées avec la liberté d’effectuer de nombreux essais.
Nourrissant depuis le début de mes études l’envie de faire mes vins avec mes vignes, je reprend le Domaine de la Renière en 2018 en m’associant à Guillaume Poitevin.